Contexte :
Entre 1996 et 2005, les quatre communautés de Ban Nam Rap, Ban Koh Mook, Ban Kuantungkoo et Ban Changlang, La province de Trang a établi la zone de cogestion « Four Village Conservation Area » (เขตทะเลสี่หมู่บ้าน) ou « Le-Se-Ban Area », qui vise à restaurer et à préserver les ressources côtières et marines. Auparavant, en raison d’une participation à la gestion des ressource restreinte, ces communautés étaient confrontées à des défis liés à des pratiques de pêche non durables et destructrices, entraînant une dégradation constante des ressources aquatiques, des forêts de mangroves, des prairies marines et des récifs coralliens dans toute la zone de conservation
Portée générale du projet :
Suite à la mise en place de l'approche de cogestion collaborative, une amélioration notable de la santé et de la stabilité des ressources côtières et marines a été observée, se traduisant notamment par une augmentation du nombre de captures de poissons. Compte tenu du succès de ce premier mécanisme de cogestion, quatre communautés ainsi que divers organismes et représentants gouvernementaux ont officiellement signé un accord visant à formaliser les plans futurs de développement et de gestion des ressources.
En 2011, la Disposition administrative du sous-district de Libong relative à la conservation du dugong a été promulguée afin de fournir un cadre juridique aux efforts de conservation dans la région. Cette disposition s'accompagne actuellement d'un développement continu d'une gestion des ressources qui s'engage à préserver l'environnement et les ressources naturelles de la région de Le-Se-Ban, à la fois au sein de la communauté et au niveau du réseau du district.
La restauration réussie de l'ensemble de l'écosystème de la baie de Koh Mook illustre l'efficacité des approches participatives dans la gestion des ressources côtières. En intégrant diverses opinions, les acteurs concernés ont pu s'attaquer à de multiples problèmes interconnectés, tels que la surpêche et la dégradation de l'habitat, rétablissant ainsi l'équilibre écologique et la résilience du milieu marin. Cette approche à l'échelle de tout l'écosystème montre combien il est important de tenir compte du contexte écologique global et de l'interconnexion des écosystèmes marins dans le cadre d'une collaboration fondée sur la cogestion.
Figure 1 - La zone de conservation des quatre villages
(Wisut Thongyoi et Sakkamon Saengdara, 10 juin 2016)
Réalisations :
1. L’augmentation des populations de poissons, en particulier du crabe bleu, et la préservation de la biodiversité.
Les communautés ont mis en place des « banques » de crabes bleus où les pêcheurs peuvent déposer les crabes femelles en gestation qu'ils ont trouvés et relâcher ces crabes et les juvéniles une fois qu'ils ont éclos. Les recherches montrent une augmentation du nombre de crabes nageurs bleus dans la zone, à la suite de l'initiative.
2. Le renforcement de la participation et de l'autonomisation des communautés.
En interdisant l'utilisation d'engins de pêche illégaux et destructeurs, tels que les chaluts, dans les zones de mangrove, les forêts communautaires et les canaux, il est possible de protéger et de sécuriser ces écosystèmes fragiles ainsi que la viabilité à long terme des populations de poissons. Pour assurer le respect de cette interdiction, les communautés ont collaboré avec les Opérations spéciales maritimes et côtières, en effectuant des patrouilles conjointes, qui constituent un mécanisme de surveillance essentiel dans la prévention des activités de pêche illégales.
3. Le renforcement du respect des réglementations et recul de la pêche illégale.
La coordination avec les agences gouvernementales compétentes en vue de mener des opérations d'arrestation et de saisie des engins de pêche tels que les pousseux ou bichettes (push nets, type d'épuisette pour la pêche à la crevette), les bateaux générateurs, les chaluts et les explosifs de pêche, a permis d'améliorer le respect des pratiques durables. À mesure que les autorités gouvernementales collaborent avec la communauté, les réglementations sont mieux appliquées et les individus peu scrupuleux sont dissuadés de se livrer à des pratiques de pêche illégales.
4. Des avantages économiques accrus pour les communautés locales.
L'Organisation de pêche artisanale de Ban Nam Rap exploite une entreprise de tourisme axée sur la préservation des ressources, créant ainsi un lien entre les activités de conservation et les activités économiques au bénéfice de la communauté. Afin de maintenir un équilibre entre les avantages économiques et la conservation de l'environnement, les communautés partagent leurs revenus entre le développement du tourisme (30 %), un fonds pour l’environnement (30 %) et les revenus répartis entre l’organisation et les pêcheurs locaux partenaires (40 %).
5. Le renforcement de la cohésion sociale et des mécanismes de résolution de conflits entre les acteurs concernés. Au niveau communautaire, l'accent est mis sur la mise en œuvre d'un modèle de gestion piloté et dirigé par la communauté elle-même, par le biais d'un engagement actif, d'une participation à la prise de décision et à l'intendance. Au niveau du réseau du district, l'approche s'oriente vers une gestion conjointe, basée sur la collaboration avec les agences et les acteurs au niveau du district en vue d'une coordination plus large, d'une mobilisation des ressources et d'un soutien politique.
Défis :
1. Les conflits d'intérêts entre les acteurs concernés.
Le recours à la sanction sociale de la part du comité de l'Aire marine de conservation des juvéniles à l'encontre des contrevenants, telle que la confiscation du matériel visant à jeter l’opprobre sur ces derniers, s'est avéré plus efficace que les répercussions juridiques, les amendes et autres sanctions étant susceptibles de provoquer des conflits durables et de compromettre la cohésion du comité à long terme.
2. L'épuisement des ressources marines et les restrictions sur la capacité de pêche.
Pour gérer durablement les populations marines, la pêche dans les zones de reproduction telles que les canaux est interdite et les engins de pêche destructeurs ont été bannis. La communauté a été sensibilisée au fait qu'il s'agit d'une zone interdite à la pêche, et l'établissement de « banques » de crabes (sites de ponte) a permis d'augmenter le nombre de crabes, facilitant ainsi la gestion durable des populations animales essentielles à l'alimentation.
3. Les pressions externes telles que le changement climatique ou les facteurs économiques.
La hausse des températures a entraîné une crise des herbiers marins, ce qui a eu un impact négatif sur les populations vulnérables de dugongs à la recherche d'habitats adéquats. Les échanges entre les communautés et les groupes de cogestion ont abouti à la création de limites de vitesse pour les bateaux, réduisant ainsi l'impact sur les dugongs en migration.
4. Les questions liées à la gouvernance et aux accords institutionnels.
En 2011, le concept de gestion écologique a été élargi de la même manière. En collaborant et en veillant à ce que les droits des communautés soient respectés, les communautés côtières ont accepté de créer un plan de coopération en étendant la zone au niveau local à Koh Libong, Bang Sak et au sous-district de Na Kluea.
5. Les facteurs socioculturels qui influent sur la coopération et la participation.
Des mécanismes de gouvernance sociale ont été mis en place afin de traiter les problèmes liés aux normes socioculturelles qui compromettent la coopération. Ainsi, les pêcheurs qui utilisent des engins de pêche destructeurs ne sont pas acceptés par la communauté. En outre, des rappels sur les avantages que procurent les pratiques durables, en particulier une abondance de ressources, sont également utilisés pour inciter les membres de la communauté à travailler ensemble à la protection de ces ressources.
Enseignements tirés :
L'importance d'un engagement et d'une participation inclusifs des acteurs concernés.
La nécessité de définir clairement les rôles, les responsabilités et les processus décisionnels.
La valeur de la gestion adaptative et de la capacité à tirer des leçons des succès et des échecs.
L'importance de l'instauration de la confiance et de la promotion de la collaboration entre les acteurs concernés.
La nécessité d'intégrer les connaissances traditionnelles à l'expertise scientifique.
Le rôle des politiques de soutien, des cadres juridiques et du soutien institutionnel.
L'importance de l'engagement à long terme et de la durabilité dans la gestion des pêches.
Renforcer les capacités institutionnelles et la structure de gouvernance.
Investir dans le renforcement des capacités communautaires et l'éducation.
Renforcer les mécanismes de suivi, de contrôle et de surveillance.
Promouvoir la collaboration et le partenariat intersectoriels.
Soutenir les initiatives de recherche et de partage des connaissances.