Des ressources financières insuffisantes
De nombreuses ANP ont du mal à générer des fonds pour soutenir leurs activités de plaidoyer. Comme elles représentent des individus et des communautés qui manquent eux-mêmes de ressources, il peut s’avérer très difficile de trouver suffisamment d'argent pour couvrir les salaires, les campagnes, les réunions et les frais de fonctionnement.
Afin de générer des revenus réguliers, les ANP peuvent mettre en œuvre une stratégie consistant à collecter des cotisations auprès de leurs membres. Ces organisations représentent parfois de très nombreux pêcheurs (par exemple, selon les estimations, le Ghana National Canoe Fishermen Council (GNCFC) compte 100 000 pêcheurs) et, à ce titre, même une contribution mensuelle ou annuelle relativement modeste de la part des adhérents pourrait permettre de collecter des fonds importants. Toutefois, cette approche nécessiterait une comptabilité et des procédures administratives relativement complexes et risquerait de rebuter les pêcheurs qui ne veulent pas ou ne peuvent pas contribuer financièrement aux ANP.
Une autre source potentielle de financements réside dans les partenariats avec des ONG et/ou des agences de développement international ou dans l'attribution de subventions en cascade. Ces financements peuvent par exemple provenir de l'Union européenne (UE), de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), ou encore de l'Agence norvégienne pour le développement (NORAD), qui ont toutes investi massivement dans des projets d'amélioration des pêches dans le monde entier. Les ANP disposent d'une grande quantité d'informations et de connaissances sur la pêche, les pratiques de pêche et d'autres institutions, ainsi que d'un accès sans égal aux communautés de pêcheurs, ce qui en fait un atout précieux, en particulier pour les organisations ou les institutions qui ne connaissent pas le contexte national.
L’absence de processus et de structures formelles
L'un des obstacles couramment rencontrés par les ANP réside dans l'absence de processus et de structures clairement définis et bien exécutés, ce qui a pour conséquence de réduire l'impact de leurs activités. Une planification stratégique efficace permet d'améliorer la répartition des ressources, la prise de décision et la capacité d'adaptation aux changements dans le secteur de la pêche. La planification stratégique est un processus structuré qui joue un rôle crucial en aidant les organisations nationales de pêcheurs à définir leur stratégie et à atteindre leurs objectifs en matière de gestion durable des pêches, de croissance économique et de bien-être des communautés.
Une planification stratégique efficace est essentielle au succès des ANP. Il est donc important que les ANP soient dotées des compétences nécessaires à la conception et à la mise en œuvre d'un plan stratégique en accord avec leurs objectifs et leur permettant de maximiser leurs efforts en matière de gestion durable des pêches et de bien-être des communautés. Les ANP peuvent mettre en œuvre la planification stratégique par les moyens suivants :
Évaluer l'état actuel de l'organisation, en intégrant une analyse financière, une évaluation des besoins de la communauté et un examen des projets.
Réaliser une analyse SWOT, permettant d’identifier les forces et les faiblesses internes, ainsi que les opportunités et les menaces externes (de l’anglais Strengths, Weaknesses, Opportunities and Threats).
Définir des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réaliste/pertinents et limités dans le temps (SMART).
Inclure un large éventail de parties prenantes dans le processus de planification, comprenant les pêcheurs, les communautés locales, les agences gouvernementales et les organisations de protection de la nature.
Définir une vision et un énoncé de mission clairs pour guider la planification et veiller à ce que les activités soient conformes aux objectifs fondamentaux des ANP.
Mettre en œuvre des évaluations régulières pour mesurer l'efficacité du plan stratégique.
Ces actions bien définies aident les ANP à clarifier l'orientation et les objectifs futurs de l'organisation, ainsi que son objectif principal et ses valeurs. Vous trouverez dans les ressources complémentaires des supports de formation sur la planification stratégique.
Une participation insuffisante des groupes marginalisés
Bien que le concept de gouvernance participative des ressources naturelles bénéficie d'une bien meilleure reconnaissance, les groupes marginalisés se retrouvent exclus des structures de prise de décision. Les ANP doivent veiller à ce que leur travail de plaidoyer prenne en considération la diversité des points de vue et des besoins qui peuvent exister au sein de leurs circonscriptions, en prenant des mesures visant à créer des espaces véritablement participatifs à cette fin. Alors que certaines ANP sont composées presque exclusivement d'hommes ou de femmes (ce qui reflète la nature genrée de la pêche artisanale dans certains pays où les pêcheurs sont principalement ou exclusivement des hommes et les transformatrices des femmes), il est important que les campagnes de plaidoyer prennent en compte les avantages ou les inconvénients susceptibles de survenir pour tous les membres des communautés qu'elles représentent.
Pour remédier à cela, les ANP doivent s'efforcer d'impliquer activement les groupes marginalisés et de les inclure. Pour ce faire, elles peuvent :
Reconnaître les disparités entre les genres en matière de répartition de la charge de travail et de rémunération, ainsi que les attitudes persistantes à l'égard des stéréotypes de genre dans le secteur de la pêche.
Plaider en faveur de l'égalité des genres et de l'autonomisation des femmes dans la gouvernance des pêches, et promouvoir ainsi des pratiques de pêche plus équitables et plus durables au sein des ANP.
Réaliser des analyses approfondies des parties prenantes afin d'identifier toutes les parties impliquées dans la chaîne de valeur de la pêche, avant de s'efforcer d'impliquer activement ces dernières. Ce processus devrait inclure la prise en compte des besoins, des défis et des opportunités pour chaque groupe de parties prenantes. Il convient également de travailler dans le respect de ces groupes pour encourager leur participation active aux activités de l'ANP.
Renforcer l'intégration des études publiées sur le sujet ainsi que la collaboration avec des parties prenantes qui peuvent donner des conseils sur les meilleures pratiques visant à une gouvernance participative efficace des ressources naturelles, tel que le rapport de l'UICN « Genre et gouvernance des ressources naturelles » ou les supports de formation élaboré par WorldFish et ses partenaires sur l'évaluation de l'inclusion dans la gestion des ressources naturelles au niveau communautaire («Assessing inclusion in community-based natural resource management »).
Reconnaître que les pêcheurs migrants constituent un groupe de parties prenantes important et les encourager à participer activement aux activités des ANP. Dans certains cas, les pêcheurs migrants ne travaillent que de manière saisonnière et peuvent être exclus des discussions ou des décisions qui ont un impact sur leurs moyens de subsistance, puisqu’ils ne sont pas toujours présents. Les pêcheurs migrants risquent d’être marginalisés et de de voir certains de leurs droits bafoués. Les ANP doivent donc chercher à inclure ce groupe dans leurs activités.
En donnant la priorité à la participation des diverses parties prenantes, les ANP sont mieux à même de représenter les différents groupes concernés par la gestion durable des pêches.