Le Conseil national des pêcheurs en pirogue du Ghana (Ghana National Canoe Fishermen Council, GNCFC) est une organisation non gouvernementale qui a été créée en 1982. Il joue un rôle crucial dans l'industrie de la pêche au Ghana en permettant aux pêcheurs artisanaux de tout le pays de s'exprimer d'une seule voix. En vertu de ses statuts, il intervient sur les questions concernant les pêcheurs en pirogue au Ghana et prend les mesures jugées opportunes pour promouvoir :
Les intérêts socio-économiques des pêcheurs en pirogue
Des normes élevées en matière de professionnalisme et de déontologie chez les pêcheurs en pirogue ;
Des opportunités en vue de l'obtention et de la diffusion d'informations utiles pour les pêcheurs en pirogue ;
L'acceptation de dons, l'emprunt ou la collecte de fonds ainsi que la demande de subventions locales ou internationales à des fins caritatives dans le secteur de la pêche.
Depuis plusieurs années, le GNCFC représente les intérêts des pêcheurs artisanaux du Ghana et l’organisation possède actuellement des antennes dans les quatre régions côtières du pays. Les pêcheurs en chef jouent le rôle de leaders et servent de premier point de contact pour la résolution des conflits liés à la pêche au sein des communautés de pêcheurs le long de la côte ghanéenne. Le GNCFC mène de plus en plus d'initiatives qui permettent aux pêcheurs en pirogue travaillant sur les plages de débarquement d’agir en étroite liaison avec le gouvernement dans la formulation et la mise en œuvre des politiques de pêche et de plaider en faveur de réformes dans le secteur de la pêche.
Actions significatives menées par le GNCFC dans le cadre du projet Far Dwuma Nkodo au Ghana
Entre 2017 et 2021, EJF a travaillé en partenariat avec l'ONG ghanéenne, Hen Mpoano, pour mettre en œuvre le projet Far Dwuma Nkodo (FDN). Ce projet visait notamment à établir et à renforcer les structures de cogestion des pêches et à renforcer la participation des communautés aux opérations de suivi, de contrôle, de surveillance (SCS) et d'application des réglementations. Le projet prévoyait également une collaboration avec le GNCFC visant à garantir une plus grande durabilité environnementale et une plus grande équité sociale dans le secteur de la pêche au Ghana, en soutenant les efforts visant à réduire la pêche illégale et en renforçant les capacités des communautés de pêcheurs en matière de gestion durable de leurs ressources.
Actions de plaidoyer pour mettre fin à la pratique du « saiko »
L'appel lancé par le GNCFC visant à mettre fin au « saiko », une pratique consistant à transborder illégalement du poisson en mer, constitue l'une des initiatives les plus marquantes et réussies menées par une association nationale dans le cadre du projet FDN au Ghana. « Saiko » est le terme employé localement pour désigner une pratique de pêche illégale particulièrement destructrice, qui voit des chalutiers étrangers cibler les espèces qui constituent la ressource de base des pêcheurs ghanéens en pirogue, lesquelles, une fois capturées par les chalutiers, sont ensuite transbordées en mer dans des pirogues spécialement adaptées, puis vendues aux communautés de pêcheurs. Auparavant, cette pratique se limitait à l'achat par les pirogues des prises accessoires non désirées des navires industriels. Mais cette activité s'est transformée et relève à présent d’une criminalité organisée lucrative, les chalutiers ciblant illégalement des espèces qu'ils ne sont pas autorisés à pêcher pour les vendre à la population locale. Les membres de la communauté se voient alors contraints de les acheter car, conséquence directe du saiko, ils peinent à capturer suffisamment de poissons pour assurer leurs moyens de subsistance. De surcroît, ces captures contiennent souvent des poissons juvéniles et ont de graves répercussions sur le secteur de la pêche artisanale au Ghana, qui est essentiel à la sécurité alimentaire.
En 2020, le GNCFC a mené une stratégie commune pour mettre fin au saiko, qui comprenait des échanges majeurs menés auprès de neuf communautés, et trois dialogues régionaux qui ont directement touché plus de 1 300 acteurs du secteur. Ces actions incluaient également des manifestations organisées au niveau des plages, des interventions auprès de la presse, une lettre ouverte commune adressée au président appelant à mettre fin au saiko, des documents de communication communs diffusés dans les journaux nationaux et plusieurs interventions formelles et informelles auprès de hauts responsables gouvernementaux.
En juin 2020, le GNCFC, ainsi que huit organisations de la société civile du secteur de la pêche, ont demandé au président du Ghana, dans une lettre ouverte, d'émettre une directive d'urgence afin de mettre un terme à cette pratique de pêche illégale. La lettre insiste sur le fait que si la menace de la pêche illégale saiko n'est pas traitée de toute urgence et que des mesures ne sont pas prises pour l'éradiquer définitivement, les sources de revenus de plus de 2,7 millions de Ghanéens qui dépendent du secteur de la pêche pour leur subsistance seront perdues. Cela aurait des conséquences négatives à grande échelle et généralisées sur la sécurité alimentaire, la nutrition, les revenus et les moyens de subsistance, tout en constituant une menace pour la sécurité nationale.
En outre, dans le cadre d'une initiative menée par le GNCFC, plus de 600 pêcheurs artisanaux (y compris des femmes transformatrices et commerçantes) ont participé activement à une semaine de protestation silencieuse contre le saiko sur diverses plages de débarquement dans les quatre régions côtières. Ces actions cumulées ont abouti à plusieurs engagements et déclarations de la part de responsables et institutions : le Comité spécial sur l'alimentation, l'agriculture et le cacao a promis de soutenir la campagne, un commentaire a été formulé en faveur de l'élimination du saiko dans les déclarations budgétaires de 2020, le ministre sectoriel du département de la pêche et de l'aquaculture a apporté des clarifications sur l'illégalité du saiko et le président du Ghana s'est prononcé en faveur de l'élimination du saiko au cours d'une interview accordée à la radio.
Pêcheurs artisanaux arborant des brassards rouges lors de manifestations silencieuses contre la pêche au saiko, organisées sur les plages de débarquement des poissons.