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Apr 01, 2022

L'impact mondial de la pêche illégale et des violations des droits humains dans la vaste flotte hauturière chinoise révélé

By EJF Staff

La flotte hauturière chinoise ­– de loin la plus grande au monde – est minée par les violations des droits humains et la pêche illégale, et cible une vie marine protégée et menacée à travers les océans, révèle le nouveau rapport d’EJF. Dans une analyse qui se veut la plus complète de cette flotte à ce jour, EJF démontre que les subventions de l'État chinois ont permis à cette flotte en surcapacité flagrante d'exploiter les eaux de pays en développement qui dépendent des ressources marines pour leurs moyens de subsistance et leur sécurité alimentaire.

Cette destruction est rendue possible par le manque souvent total de transparence dans les pêcheries mondiales, affirme EJF. Pour prévenir cette situation, toutes les nations doivent mettre en œuvre des mesures simples et peu coûteuses à la portée de n'importe quel État qui donneraient à toutes les parties prenantes un contrôle beaucoup plus grand sur leurs chaînes d'approvisionnement en produits de la mer.

En croisant des données du gouvernement chinois avec des dossiers de pêche illégale et des témoignages d’équipages, le rapport d’EJF met en lumière que la flotte hauturière chinoise opère dans le monde entier avec des conséquences qui affectent presque tous les pays.

Pêche illégale

EJF a constaté que la pêche illégale sévit au sein de la flotte. Les témoignages de plus d'une centaine de membres d'équipages à bord de 88 navires mettent en évidence que 95% d’entre eux ont été témoins de pêche illégale.

Presque tous les membres d'équipage interrogés ont rapporté des faits relatifs à l’enlèvement illégal de nageoires de requin sur leurs navires – un processus cruel et inutile où les nageoires les plus précieuses sont retirées et le requin est jeté par-dessus bord pour mort. Des séquences obtenues par EJF montrent également des phoques massacrés à mort et décapités, avec plus d'un tiers des personnes interrogées signalant que des espèces protégées telles que des tortues et des phoques ont été capturées et tuées sur leurs navires. Environ un cinquième des équipages ont également déclaré que des dauphins étaient régulièrement abattus pour servir d’appâts à requins.

« Peu importait que le requin soit grand ou petit, même les bébés requins en gestation – nous les avons tous pris. Je suppose que vous pourriez l'appeler un « navire du diable » parce qu'il a vraiment tout pris », a déclaré un membre d'équipage.

Violation des droits humains

Ces pratiques destructrices sont rendues possibles non seulement par des subventions étatiques néfastes – s'élevant à environ 1,8 milliard de dollars américains – mais aussi par des violations flagrantes des droits humains des équipages de pêcheurs migrants. Ces travailleurs ont évoqué des violences physiques et verbales, des durées de travail excessives et épuisantes, de la nourriture et de l’eau impropres à la consommation ainsi que du travail forcé aux mains des capitaines chinois et des membres d’équipage occupant les postes supérieurs.

Les témoignages et les images qu'EJF a reçus ont révélé que des membres d’équipage indonésiens ont été battus avec des tuyaux en métal et menacés avec des couteaux par des responsables d’équipage chinois. Globalement, 58% des membres d'équipage interrogés par EJF ont déclaré avoir été témoins ou victimes de violences physiques et 85% ont signalé des conditions de travail et de vie abusives. « J'étais retenu et frappé. Ils ont battu chaque partie de mon corps », a déclaré un membre d’équipage indonésien. En outre, presque tous les membres d'équipage (97%) interrogés ont déclaré avoir subi une forme de servitude pour dettes ou s'être vu confisquer des documents tels que leurs passeports.

Entreprises opaques

Outre les infractions commises en mer, le rapport s’intéresse aux entreprises impliquées dans celles-ci – en cartographiant les structures d'entreprise complexes de la flotte. Au Ghana, par exemple, au moins 90% de la flotte de chalutiers industriels du pays est soupçonnée d'appartenir à des intérêts chinois qui utilisent des sociétés écrans locales pour s'enregistrer en tant que Ghanéens et contourner la loi. Bon nombre de ces navires ont été à plusieurs reprises associés à des activités de pêche illégale.

La destination du poisson pêché par la flotte est également entourée d'une certaine opacité, ce qui rend difficile, voire impossible, d’assurer la traçabilité des chaînes d'approvisionnement. Cependant, un certain nombre de navires hauturiers chinois sont autorisés à exporter vers l'Europe et la Chine est le plus grand partenaire commercial des États-Unis en matière de produits de la mer.

Exploitation des eaux des pays en développement

La flotte chinoise est devenue une force en présence importante dans de nombreux pays et régions en développement qui ont une capacité limitée de surveillance des activités de pêche mais qui en dépendent fortement pour leur sécurité alimentaire et les moyens de subsistance locaux, indique le rapport.

L'Afrique se démarque en représentant 78,5% des projets de pêche hauturière dans les eaux d’autres pays approuvés par le gouvernement chinois. En Afrique de l'Ouest, une zone connue pour être en proie à la pêche illégale, la flotte chinoise de chalutiers de fond capturait environ 2,35 millions de tonnes de produits de la mer chaque année – peu ou prou la moitié du total des prises chinoises en eaux lointaines selon certaines estimations – évaluées comme représentant une valeur de plus de 5 milliards de dollars américains. De nombreuses populations de poissons en Afrique sont fortement exploitées, au point de risquer de s'effondrer, ce qui serait catastrophique pour les communautés côtières.

Steve Trent, directeur général et fondateur d'Environmental Justice Foundation, a déclaré : « Ces navires subventionnés par l'État ravagent les océans, commettent des violations des droits humains et conduisent à des injustices environnementales, tout en se cachant derrière des structures d'entreprise complexes qui empêchent les donneurs d’ordre d’être tenus pour responsable. Ces conclusions mettent en évidence l'échec général du gouvernement chinois à réglementer et à contrôler efficacement sa flotte hauturière, mais révèlent également un problème international plus large : le manque choquant de transparence dans le secteur. Outre le fait que la Chine doit exercer un contrôle de sa flotte, tout pays important du poisson pêché par des navires chinois devrait exiger une transparence totale tout au long de la chaîne d'approvisionnement. C'est la seule façon dont nous pouvons être sûrs que nous, en tant que consommateurs, ne finirons pas par manger du poisson pêché par des esclaves et dans des conditions conduisant à la destruction de notre océan.

FIN

Remarques pour les éditeurs

Accédez au kit média complet pour :

EJF peut offrir des séquences supplémentaires, des photographies et la possibilité d'interviewer des membres d'équipage qui ont travaillé à bord de ces navires dans le cadre de votre couverture.

Principales conclusions

  • Une forte proportion des 116 membres d'équipage interrogés ont été témoins d’activités de pêche illégale. Par exemple, 95% des personnes interrogées ont été témoins d’actes par lesquels des requins ont eu leurs nageoires retirées avant d’être rejetés en mer (« shark finning »), 22% et 38% ont, respectivement, vu des dauphins et des faux épaulards tués, et 34% ont déclaré avoir vu d'autres espèces protégées, notamment des phoques et des tortues, être capturées et tuées.
  • Selon les données analysées, la pêche sans licence ou autorisation est la forme de pêche illégale le plus fréquemment rapportée, constituant 42% du total. L'utilisation d'engins prohibés et la capture d'espèces interdites viennent ensuite en tête des infractions, à, respectivement, 11,5% et 10,3%.
  • Des entretiens menés par EJF avec 116 membres d'équipage indonésiens qui ont travaillé sur des navires appartenant à la flotte hauturière chinoise indiquent que 99% d’entre eux ont subi ou ont été témoins de retenues sur salaire, 97% ont été victimes d’une forme de servitude pour dettes/confiscation d'argent et de documents en « garantie », 89% ont été confrontés à des durées de travail excessives, 85% ont signalé des conditions de travail et de vie abusives, 70% ont subi des intimidations et des menaces ; enfin, 58% ont été témoins ou subi des violences physiques.

Données

  • Ce rapport s'appuie principalement sur un examen rigoureux des données publiées par le ministère chinois de l'Agriculture et des Affaires rurales (MARA) détaillant les divers projets de pêche hauturière, c'est-à-dire les navires approuvés par le MARA pour opérer en dehors des eaux chinoises ; et des informations extraites du Criminal Record of Fishing Vessels et de la plateforme associée Spyglass. Il s'agit de la première analyse de ce type des données officielles du MARA sur la flotte hauturière chinoise publiée. Elle complète les rapports produits antérieurement qui se sont appuyés sur l'utilisation de sources non gouvernementales et les données satellitaires pour estimer la taille et les zones d’opération de la flotte hauturière chinoise.

L'Environmental Justice Foundation est une organisation non gouvernementale internationale œuvrant pour la protection de l'environnement et la défense des droits de l'homme. EJF est une organisation caritative enregistrée en Angleterre et au Pays de Galles (1088128). www.ejfoundation.org